354             MEMOIRES DE PIERRE DE l'eSTOIT-E.
qui lui en avoit donné, et que bientost il lui en feroit raison et justice telle qui lui plairoit, et à messieurs de Pâris.
Ce jour, advis à Paris de (rente mil escus en doublons arrivés d'Hespagne, exprés pour pratiquer et corrompre Je plus de gens qu'on pourroit à Paris, principalement les capitaines et colonnels des quartiers et autres, aians commandement dans la ville.
Le samedi treizieme de ce mois, quelques bourgeois de Paris, de la faction des Seize, furent trouver le pre­vost des marchans, pour le prier de parler au duc de Feria, pour leurs rentes de la ville. Lequel leur fist res­ponse qu'il n'estoit point Hespagnol, et qu'il ne lui seroit jamais reproché que pendant qu'il auroit esté prevost des marchans il eust engagé le domaine de la ville à un estranger.
Le dimanche quatorzième de ce mois, la messe des capitaines de Pans fust solennellement célébrée dans l'eglise des Augustins, où furent leues publiquement les lettres du duc de Maienne, par lesquelles il fai­soit offre aux colonnels et capitaines de la ville d'une bonne somme de deniers pour recompense de leurs ser­vices, et pour subvenir aux fatigues et frais qu'il leur convenoit soustenir pour la guerre. Ce qu'eux tous (hormis trois, à savoir Du Fresnoi coloiwel de la rue Saint-Honnoré, Le Roy capitaine de la rue Saint-Denis, et ung autre de la rue Saint-Antoine) refuserent fort vertueusement, aians entendu Ia forme des quittances qu'il falloit passer au nom du roy d'Hespagne. Dirent tout hault que ce qu'ils en avoient fait n'avoit esté pour espoir de telles recompenses : au contraire que c'avoit esté pour conserver le nom qu'ils avoient tous-
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